Sans histoires, vraies ou inventées, il n'y aurait qu'idées reçues, mots empruntés et images volées
Sans histoires, vraies ou inventées,
il n'y aurait qu'idées reçues,
mots empruntés et images volées
CARNETS
Cartes postales
Chaque année, ma compagne et moi, nous ajoutons à notre collection de vacances des escapades de quelques jours, entre deux et dix en gros, nous partons bras dessus bras dessous visiter des petits bouts de France, en rayonnant à partir d’une ville étape centrale ou en effectuant une boucle, qui ramène au point de départ, comme toujours.
Petit à petit, on acquiert une certaine connaissance de nos régions, des villes et des provinces traversées, des sites intéressants qui, comme on dit, ‘’valent le voyage’’ ou, à défaut, ‘’méritent un détour’’, un survol certes superficiel dans le temps imparti (activités et obligations oblige), qui ne permet pas d’aller au fond des choses, et c’est bien sûr dommage.
Le dépaysement est au rendez-vous, moindre que quand on part à l’étranger mais néanmoins réel, surtout quand on entend une autre langue ou un patois (si on garde une ouïe fine).
Je fais des images, naturellement, je serais malheureux s’il fallait seulement regarder, visiter, déambuler sans avoir ce prolongement de moi-même qu’est devenu au fil du temps mon appareil photo. Je suis content de m’occuper, d’avoir un but, je déteste marcher pour marcher, buller, l’oisiveté est mère de tous les vices qu’on dit et c’est pas pour rien, je m’ennuie vite à ne rien faire, à admirer et puis c’est tout, comme les autres. Vite, il faut passer à autre chose ! Prendre son temps, oui, mais juste ce qu’il faut, sans s’attarder outre mesure, pas question de se laisser aller à cogiter pour rien ou à rêvasser, alors avant d’en arriver là il me faut bouger, me remettre en mouvement. Fuir, peut-être ? Je vous vois venir…
J’ai donc voulu ici, dans cette rubrique, présenter des séries d’images qui s’attachent à décrire ces petits voyages, ces minuscules déplacements, sans autre ambition que de les faire découvrir et de partager le plaisir éprouvé devant de jolis sites, des lieux attachants, des curiosités, une ambiance, une atmosphère, quelques points d’interrogation, le plaisir des yeux et c’est tout, une bouffée d’air frais, un avant-goût de vacances en toute saison.
C’est mon habitude, j’envoie en fin de séjour, dans le train de retour parfois, quelques cartes postales achetées sur place, pour faire un petit coucou à la famille, aux amis, pour leur signifier que je ne les oublie pas , que je n’ai pas coupé les ponts de Paris, que ce n’était qu’une parenthèse enchantée, pour les faire bisquer aussi, mais non, ce n’est pas mon genre, vous devez commencer à me connaître un peu, à force, maintenant…
PS1 : Bien sûr, dans le feu de l’action, je me suis laissé aller à vous adresser à vous un peu plus qu’une carte postale, à développer, à digresser la pâte, je suis incorrigible.
‘’Trop fort n’a jamais manqué’’, dit-on dans la marine.
PS2 : Ma compagne, qui lit par-dessus mon épaule et me soutient en me critiquant (pour la bonne cause bien sûr, il s’entend), s’est pour une fois insurgée en lisant ce texte. La raison de son ire, c’est tout simplement qu’elle serait -elle- partante pour voyager pataugas et sac-à-dos (de marque), larguer les amarres et visiter des mois durant des pays exotiques et lointains, rêvant d’aventures épicées improbables et de rencontres extraordinaires, admirant des paysages à couper ce souffle qu’on a déjà un peu court, vivant de ces moments qui font les souvenirs inoubliables avant qu’on ne se souvienne plus de rien.
Je la crois un peu épicurienne, attirée par les plaisirs à répétition, faisant des provisions pour cet hiver qu’elle n’aime pas voir venir. On n’est pas tous pareils c’est sûr, moi je m’ennuie assez vite, passé le moment de la découverte, j’ai un peu l’impression de tourner en rond, d’être un intrus, pas à ma place, trop de bonheur que je ne mérite pas, et puis j’ai hâte de retrouver mes pantoufles et mon ordi.
La vie à deux c’est des compromis, c’est un bout de chemin qu’on fait ensemble, un voyage qu’on entreprend côte à côte, comme Adam et Eve au début de leur relation, en parlant ou en se taisant, on ne sait pas où ça mène mais on ne s’ennuie jamais.
PS3 : Ma compagne me dit que j’écris n’importe quoi et qu’un jour elle sera obligée de prendre la plume et de tenir le manche pour rétablir la vérité. Je lui ai dit : ‘’Chiche !’’, et j’ai ajouté, perfidement : ‘’Quelle vérité, au fait ?’’ Tant qu’on se titille, il paraît qu’on reste jeune…
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